Lettre(s) à Paul Pastur
Que reste-t-il du monde de Paul Pastur, que nous reste-t-il en héritage ?
100 ans, c’est un bel âge pour un bilan, 100 ans, c’est un bel âge pour s’adresser à notre ancêtre, nous qui faisons la culture en Hainaut au 21e siècle, nous qui sommes dans un monde en transformation.
Sous forme de lettre adressée à Paul Pastur, à partir d’une recherche poussée dans les archives des bibliothèques provinciales et de l’Université du travail, d’entretiens avec les acteurs d’aujourd’hui, une longue écriture a été mise en chantier puis transformée en spectacle.
Le monde a changé, s’est transformé, s’est détérioré peut-être. Comment pouvons- nous retrouver cet esprit fondateur, bâtisseur, où la culture était le centre et le pilier de l’émancipation humaine, mais avec le paternalisme en moins ?
Un spectacle qui retrace l’épopée culturelle de la Province de Hainaut, de 1919 à nos jours.
Une création de Valérie Cordy. Une production de La Fabrique de Théâtre.
Note d’intention
Le 4 mai 1919, Paul Pastur prenait la parole à la première séance plénière de la commission provinciale des loisirs de l’ouvrier (CPLO), une commission destinée à « rechercher et organiser les moyens d’assurer à l’ouvrier l’emploi sain, agréable et utile de son temps de loisir ».
Dans un discours-programme détaillé, teinté d’espoir de voir surgir un nouveau monde au sortir de la guerre et forgé par un paternalisme profond, le député permanent posait les bases d’une longue épopée qui a fondé les actions culturelles de la Province de Hainaut depuis un siècle, s’inscrivant principalement dans le terreau de l’éducation populaire et de l’éducation permanente.
Un siècle plus tard, en 2019, la CPLO fait place à HCT (Hainaut Culture Tourisme) qui remplaçait la DGAC (Direction générale de la culture). A Charleroi la rue Paul Pastur est rebaptisée en rue Patrice Lumumba et nous fêtons toujours les mamans, fête initiée par le député. Le bureau de Paul Pastur est intact et parfois visible dans les étages de l’Université du travail, une statue imposante de notre homme trône devant le BPS22…
Ces traces visibles et invisibles nous invitent à recomposer, retrouver l’esprit d’un monde ancien où l’ouvrier avait gagné la journée de 8 heures parce que la Conférence de la Paix en avait ainsi décidé.
« La journée de 8 heures constituera demain le régime normal du monde civilisé. Tenons la pour un fait accompli (…) Nous sommes au temps du renouveau… C’est l’époque où l’on sème. Les hommes auxquels incombe la responsabilité d’organiser et de diriger l’évolution, doivent se rendre un compte exact de la situation et abandonner la routine d’autrefois, pour préparer le monde qui doit sortir meilleur… » clamait Paul Pastur.
Que reste-t-il du monde de Paul Pastur, que nous reste-t-il en héritage ?
100 ans, c’est un bel âge pour un bilan, 100 ans, c’est un bel âge pour s’adresser à notre ancêtre, nous qui faisons la culture en Hainaut au 21e siècle, nous qui sommes dans un monde en transformation.
Sous forme de lettre adressée à Paul Pastur, à partir d’une recherche poussée dans les archives des bibliothèques provinciales et de l’Université du travail, d’entretiens avec les acteurs d’aujourd’hui, une longue écriture a été mise en chantier puis transformée en spectacle.
Le monde a changé, s’est transformé, s’est détérioré peut-être. Comment pouvons- nous retrouver cet esprit fondateur, bâtisseur, où la culture était le centre et le pilier de l’émancipation humaine, mais avec le paternalisme en moins ?
Ce spectacle raconte l’épopée, le long chemin, les embuches, les questions qui nous traversent aujourd’hui en regard de notre Histoire et de l’héritage de la CPLO.
Valérie Cordy, metteuse en scène
Distribution
- Mise en scène : Valérie Cordy.
- Interprétation : Anton Kouzemin.
- Création sonore : Marc Doutrepont.
- Création d’images : Julien Stiegler.
- Écriture de la lettre : Nathalie Leroy.
- Scénographie : Crisanta Fernandez.
- Accompagnateur régie : Olivier Mahy, soutenu par Crystel Fastré.
Origines du spectacle
En 2019, pour fêter les cent ans de Culture en Hainaut, la Province de Hainaut a voulu offrir une programmation culturelle rendant hommage à l’action de Paul Pastur.
L’éduction permanente, les droits culturels, l’accès à la culture pour toutes et tous, sont des thèmes chers aux secteurs culturels provinciaux. Cependant, les prémices de l’action culturelle en Province de Hainaut sont souvent méconnues, tout comme la connaissance des personnalités importantes du territoire telles que Paul Pastur, Jules Destrée, François André, etc.
La Fabrique de Théâtre s’investit pleinement dans l’action culturelle en Hainaut et souhaite, en diffusant le spectacle Lettre(s) à Paul Pastur créé pour l’occasion, rencontrer un public très large afin de remémorer l’histoire du passé qui compose le présent d’aujourd’hui.
Extraits d’interviews qui émaillent le spectacle
« …Je viens d’une famille ouvrière dans laquelle personne n’a fait d’études. Une très grande famille parce que du côté de mon papa ils étaient 6 enfants qui ont eu certains 6 enfants etc. Et donc j’ai une très très grande famille avec que des garçons et puis il y a eu moi et une sœur qui est arrivée 10 ans après.
C’était déjà un miracle de faire des études. Et dans ma famille personne d’autre n’en n’a fait. J’ai été la première à aller à l’université. Pour mes parents c’était à la fois source de joie, de fierté et quelque part ils étaient parfois un peu gênés par rapport au reste de la famille… trahir sa condition mais néanmoins ils avaient envie qu’on soit bien et ma sœur aussi a fait des études universitaires… »
Pascale Vanderpère
« …En tout cas dans le cas de la culture à la Province, on peut vraiment se revendiquer de cette CPLO si on est bien conscients, si on garde justement ce sens critique en se disant : voilà telle chose et en face il y a telle autre chose et nous on a choisi une voie qui est celle réfléchie, consciente et surtout on associe l’autre, on associe le collectif, ce qui n’était pas nécessairement le but de la CPLO au départ.
Si on devait donner une espèce de définition de l’éducation permanente je dirais « la culture pour tous, par tous et avec tous ». En insistant particulièrement sur le côté collectif de l’action et dans ce cas-là, pour moi, l’outil culturel est moyen d’émancipation pour permettre à tout notre public d’avoir une analyse critique sur son cas individuel, sur le collectif et sur sa société en général… »
Fabienne Scandolo
« …Mais toute cette question est importante parce que d’aucun pourrait considérer que le meilleur moyen de lutter, c’est peut être intéressant par rapport aux situations actuelles, aux montées du racisme… extrême droite et tout ce qu’on veut, c’est que l’état doit donner à des associations et des mouvements les moyens de porter sur elle un regard critique, et ce regard critique est une façon de faire vivre une démocratie et le meilleur moyen de la stabiliser… »
Serge Hustache
« La CPLO n’utilise pas le mot « culture ». Nous avons un regard rétroactif. Ils ne parlent pas de faire une politique mais d’action publique. Ils mettent l’accent sur les actes qui seront posés plus que sur l’institution elle- même.
La conscience d’une politique culturelle a pris beaucoup plus de temps. Ils ont l’ambition de porter ce plan au niveau national.
L’histoire sert à nous donner des outils pour regarder le présent sans devoir repasser par toutes les étapes.
Le vrai enjeu à cette époque est que tout le monde va voter, enfin, les hommes. Les femmes peuvent se présenter et voter au communal. La crainte vis-à-vis des femmes est qu’elles pourraient ramener le clergé en masse. Ils ne pensaient certainement pas que le vote des femmes se ferait en 1945.
La vraie question qui se pose est « c’est quoi la culture ? », au moment où l’on passe au suffrage universel.
Roland De Bodt
Contact pour les programmateurs
7080 Frameries Belgique