Yambi

Il y a plus de 70 ans, alors qu’elle avait mon âge, ma grande tante Marie-Jeanne, dite « Tante Mayanne », aquarelliste, enseignait le catéchisme et le français à Lubumbashi. Or, jamais, dans ma famille, jamais, on n’évoque le Congo.
Pourtant chaque semaine, elle écrivait à son père. Une lettre par semaine pendant 15 années durant lesquelles elle a tenté d’«aider le Congo à se relever de la colonisation». Elle s’y est appliquée avec foi et détermination. Ces lettres, elle les a toutes conservées, une lettre par semaine pour essayer de mieux comprendre, une lettre par semaine pour témoigner d’une époque et combler les trous d’une histoire qu’on ne m’a jamais racontée mais qui est inscrite dans chacun de nous. La sœur de Mayanne, ma grand tante Ady, ouvre ses mémoires ainsi: «Quand j’étais petite fille, Dieu, Famille, Patrie réglaient nos vies, c’était le temps des réponses. Aujourd’hui nous sommes tous au temps des questions »