Dans mon souvenir, c’est la nuit.
J’habite au 10ème étage d’une cité marseillaise. Du haut de mes 15 ans, sans comprendre pourquoi, je passe délicatement mais surement le dessus de la balustrade… Ce soir-là, je ne saute pas. Mais en remontant, je décide deux choses : entrer en rupture avec ma famille et rétablir le dialogue avec moi-même. J’ai vécu entre un père macho, trotskyste, né au Maroc de parents français et une mère marocaine féministe, née de parents berbères. Mon histoire familiale ressemble à un pull Desigual, un peu trop chargé… D’un coté un fils de colon, de l’autre une fille colonisée et entre ces deux opposés: moi et leurs silences. Sans oublier ce petit frère avec qui je n’ai jamais eu aucune relation, même aujourd’hui.J’ai grandi dans une banalité crasse à travers les contradictions de mes parents. Attrapant ces troubles psychiques qui finissent en nie: mythomanie, cleptomanie, boulimie (hum, celui là est en mie…). Mais aussi névroses, t.o.c. et la pire de toutes : l’incapacité (très masculine) à exprimer quelque chose. Inconsciemment, j’ai choisi le théâtre pour donner une voix et un corps à ces trous dans ma logique, à cette colère sourde dans ma tête. J’ai fais du Stand-Up pour chercher dans ma relation avec le public de Comedy-Club une conversation fantasmée, un dialogue que je n’ai jamais eu avec ma famille. Ce projet est la poursuite de cette première intention d’adolescent, de cette question: comment rétablir le dialogue ?