Régisseur : de l’ombre à la lumière
Une interview de Michaël Druart, régisseur, par Laurane Colas, stagiaire en communication.
L’équipe des régisseurs de la Fabrique de Théâtre est au Centre culturel de Leuze pour contribuer au montage du spectacle « Fils de bâtard » (Emmanuel De Candido). Je m’y rends dans le cadre de mon stage à la fois pour y découvrir concrètement ce métier et pratiquer l’interview de Michaël Druart, régisseur à la Fabrique depuis 27 ans. J’ai déjà eu l’occasion de croiser Michaël dans les couloirs auparavant. Nous nous installons dans la cafétéria. À mon grand soulagement, dès la première question, Michaël se prête instantanément au jeu.
Laurane — Qu’est-ce qui t’a donné envie d’exercer le métier de régisseur ?
Michael — Quand j’étais jeune, j’adorais regarder les lumières, entendre le son, lorsque j’allais à des concerts et je me demandais comment se montait un spectacle. C’est grâce à un salon SIEP que j’ai découvert le métier de régisseur de spectacle et je me suis inscrit à la formation dispensée à la Fabrique de Théâtre.
Laurane — Y’a-t-il une chose qui t’a étonnée au début ?
Michael — Je ne m’attendais pas à travailler avec autant de personnes. On n’est jamais seul. Tu travailles d’office avec une équipe de techniciens, comédiens, danseurs, musiciens, maquilleurs, accessoiristes, coiffeurs… Il y a d’autres métiers autour, c’est un vrai travail d’équipe.
Laurane — Existe-t-il différents types de régisseurs ?
Michael — On a le régisseur de création, chargé de créer un éclairage, une bande-son, des effets spéciaux, une machinerie particulière adaptée au spectacle. On a aussi le régisseur de tournée, qui n’est pas forcément la même personne que le premier et qui suit le spectacle, qui le connaît mais aussi le régisseur d’accueil, qui participe au montage par la structure qui reçoit le spectacle — comme ici, aujourd’hui, au Centre culturel de Leuze.
Laurane — Quelles sont, pour toi, les compétences requises pour exercer ?
Michael — On doit, de toute façon, passer par une formation, avoir du bagage en son, lumière et électricité… Il faut avoir cette notion de technique artistique, voir le lien qu’on peut faire entre les deux et avoir l’esprit créatif. Et puis il s’agit de s’adapter en permanence. Durant ma carrière j’en ai vu des changements : l’éclairage est passé de l’halogène à la LED, les tables analogiques sont passées au numérique… Une grande partie de l’apprentissage s’acquiert sur le terrain.
Laurane — Quels sont les aspects notables du métier ?
Michael — C’est un métier dans lequel on peut faire énormément d’heures sur une journée. Il demande beaucoup de disponibilités et on doit tenir le coup physiquement. C’est aussi un domaine assez dangereux. Par exemple on peut être amenés à travailler avec du triphasé ou en hauteur…J’ai suivi des formations complémentaires me permettant de travailler dans ces conditions. Il faut bien réfléchir avant de manipuler un outil, monter le décor, et toujours rester vigilant. Mais tout ça est compensé par l’amour du métier. C’est un métier passionnant.
Michaël est rappelé sur scène. L’équipe des régisseurs s’affaire à placer le décor du spectacle. Au centre de la pièce, un technicien juché sur une échelle mobile suspend une lampe. À l’arrière-plan, Michaël contribue à l’assemblage d’une structure en bois. Je suis frappée par les exigences de ce métier que je ne connaissais pas : la coordination, la rapidité d’exécution, la technicité et… la bonne humeur. Il n’y a pas de problème qui ne trouve sa solution. Les régisseurs, tout en étant invisibles, sont présents à toutes les étapes d’un spectacle : création lumineuse et sonore, rédaction des plans techniques, transport, montage du décor, régie, démontage… En quittant le Centre culturel de Leuze, j’ai la certitude que le métier de régisseur mérite de passer de l’ombre à la lumière.
Une interview réalisée par Laurane Colas, stagiaire en communication.