Fanny Garin : sur un chemin de lumière
Une interview de Fanny Garin, par Laurane Colas.
Je rejoins Fanny à l’étage de l’ancienne conciergerie. L’autrice m’attend dans une flaque de lumière éblouissante. La pièce est blanche, dépouillée. Je m’assois. Face à moi, les fenêtres sont ouvertes pour laisser entrer l’inspiration.
D’emblée, Fanny s’avère chaleureuse. L’interview se transforme rapidement en une conversation naturelle.
Laurane — Qu’est-ce qui t’a amené à l’écriture ?
Fanny — J’ai vite ressenti le besoin de formuler les choses. Entre mes dix-sept et mes vingt ans, j’ai pratiqué le théâtre. Je suis alors passée à l’écriture dramatique car ça permet de travailler par fragments.
Laurane — Comment décrirais-tu tes travaux ?
Fanny — Concernant l’écriture dramatique, j’essaie de trouver des dispositifs d’écriture et scéniques. J’écris des pièces hybrides et même parfois « bizarres ». J’aime intégrer les spectateurs dans la fiction. Pour les romans, c’est un peu plus simple pour moi. Dans « La porte de la chapelle » (éditions publie.net), j’observe le corps du personnage à distance, non pas pour l’expliquer, mais pour formuler des hypothèses dans une tentative de compréhension du personnage.
Laurane — Quelle progression perçois-tu dans tes écrits ?
Fanny — J’ai inventé des techniques, j’en ai cherché d’autres, ce qui m’a permis d’évoluer et de trouver des formes adaptées aux thèmes. Écrire est effectivement devenu plus simple aujourd’hui. Je fais attention à ne pas tomber dans la facilité : je suis toujours à la recherche mais quelque chose de neuf.
Laurane — Quel regard portes-tu sur le monde de l’édition d’aujourd’hui ?
Fanny (soupir)— C’est assez déprimant ! Les petites maisons d’édition indépendantes peuvent être hyper intéressantes. Mais on se fait vite une idée cauchemardesque du monde de l’édition plus commercial. Ça reste toujours difficile de se faire publier, même après plusieurs tentatives.
Laurane — Plutôt ordinateur ou stylo ?
Fanny — Je préfère travailler sur ordinateur. Ça peut sembler moins personnel mais, paradoxalement, ça me permet de l’être plus : à la main, j’ai trop l’impression de me voir écrire.
Laurane — Quels messages cherches-tu à transmettre par tes écrits ?
Fanny — Je ne dirais pas que je cherche à transmettre un message. Je cherche un message et je veux partager cette recherche. Le message très personnel que j’aimerais faire passer à travers cette pièce, c’est ce sentiment de vide qui se dégage des réseaux sociaux.
Laurane — Tu dis t’inspirer de la théâtralité de la télé-réalité dans la création de ton nouveau projet. Que vas-tu en ressortir ?
Fanny — Ce qui m’a intéressé au début dans la télé-réalité, c’est la manière dont les gens jouent à vivre — je trouve que ça ressemble au théâtre. Je vais donc en retirer narrativement le système de « confessionnal » pour créer une narration globale. Ça rend la pièce très concrète et ça permet de jouer avec les points de vue. Les corps, très refaits, très genrés, m’ont intrigués.
En quittant la pièce, j’en viens à me demander si la lumière éblouissante provenait du soleil ou de Fanny.
Une interview réalisée par Laurane Colas dans le cadre de son stage.