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APREM#8: DOMINATIONS ALGORITHMIQUES

Novembre 2019 – Invité d’honneur : Roland Gori.

 

Le thème abordé lors d’APREM#8, « dominations algorithmiques », interroge la domination des algorithmes et comment ces calculs de probabilités sont utilisés pour remodeler les réalités individuelles et/ou conforter la domination de certaines catégories d’individus. Le risque d’une société qui se tourne systématiquement vers une approche algorithmique masque en partie la complexité des enjeux socio-éthico-économiques qui demande d’autres types d’interventions. Par exemple, les algorithmes des réseaux sociaux tels que Facebook créent une « bulle » informationnelle de filtrage et l’enfermement en limitant l’accès et l’échange avec des personnes d’opinions différentes. Cette absence de diversité informationnelle pourrait à moyen terme augmenter le risque de manipulation et entraîner une polarisation et une scission de nos sociétés contemporaines.

L’invité d’honneur: Roland Gori

Roland Gori fut l’invité central de cette 8ème édition, pour aborder durant ces trois jours les grandes questions qui traversent régulièrement son travail, à savoir la crise du récit à l’ère du numérique, la liberté est-elle soluble dans les algorithmes ? Et tous connectés mais isolés ?

Roland Gori est psychanalyste et professeur émérite de psychologie et de psychopathologie clinique à l’Université d’Aix-Marseille. Il est l’un des initiateurs de « l’appel des appels », collectif de professionnels du soin, du travail social, de la justice, de l’éducation, de la recherche, de l’information, de la culture. Ce collectif, créé en 2008, qui a très vite réuni 90 000 signataires à sa création, invite à réagir et à s’opposer aux logiques de normalisation et d’évaluation dans ces domaines. Il dénonce un « phénomène idéologique et de convergence de méthodes qui vise à araser l’humain au profit des logiques comptables et marchandes ». Il proposera deux conférences « tous connectés, tous isolés » et « autorité, pouvoir et domination au temps des algorithmes ».

Une conférence de Roland Gori en cliquant ici.

« La Botanique Coloniale Wikifiée » de Anaïs Berck

« La Botanique Coloniale Wikifiée » est la dernière création de Anaïs Berck, réalisée dans le cadre de DiVersions. C’est une proposition de recherche de l’altérité dans l’encyclopédie en ligne Wikipedia et son référent structurel Wikidata, deux ressources qui sont largement utilisées dans le monde pour entraîner des modèles de machine learning. L’altérité dans ce travail est représentée par les arbres.

Anaïs Berck présentera ce travail et sa génèse. Ce sera le point de départ pour introduire de différentes questions de recherche à l’aide de situations concrètes. Le public sera ensuite invité à partager ses expériences, pratiques, idées.

Voici déjà quelques questions qui constituent le sujet de la recherche actuelle de Anaïs Berck: que se passerait-il si les collections numériques étaient consciemment manipulées pour y inclure une représentation égale d’autres entités que les entités humaines ? Que signifie concrètement l’accessibilité aux données ? Qui est l’auteur d’une création algorithmique ? Faut-il parler de droit d’auteur collectif, y compris des auteurs du logiciel et des auteurs des données avec lesquelles le modèle est formé ? Les créations algorithmiques sont possibles grâce au mouvement du logiciel libre et aux universitaires qui publient leurs travaux en ligne. Pourquoi, comment et où le code créatif est-il le mieux partagé ?

Les intervenant·e·s

Judith Duportail : journaliste, membre du collectif des journalopes, autrice du livre L’amour sous algorithme, elle y expose comment l’application Tinder délivre une note secrète de « désirabilité » à chaque utilisateur. Epaulée par un hacker, mathématicien et un avocat, elle s’est lancée dans une enquête qui l’amena à plonger très loin dans les rouages des algorithmes et de son intimité.

Léa Rogliano : artiste qui a cofondé le groupe Singularités/Tech, elle commence une recherche entre éthique et nouvelles technologies à l’ULB. Elle est professeure de scénarisation VR à Interface3 avec François Zagéga, artiste développeur et professeur qui lui a en charge la programmation. Ils viendront présenter des protos de jeux sur la façon dont on peut hacker Tinder, développés pendant l’atelier de VR à Interface 3.

Laure Lemaire : directrice d’Interface 3, asbl qui forme notamment chaque année 120 femmes en recherche d’emploi aux professions informatiques.

Sabine Sil : artiste, elle effectue en 2019 une résidence d’une semaine « les petites conversations entre amies », à l’Hectolitre à Bruxelles. C’est dans ce cadre que sa présence sur Tinder – ainsi que celle de Mélanie Peduzzi – s’est posée; Mélanie Peduzzi : artiste belge diplômée de l’ENSAV La Cambre. Elle travaille entre écriture, performance et photographie. Elle élabore des protocoles de travail qui questionnent les normes imposées et le pouvoir de représentation dans la société contemporaine au travers d’actions et d’images basées principalement sur son propre corps. Elles présenteront « 17 matches » oeuvre créée à partir de leur expérience d’une journée complète passée sur Tinder.

Eric Guichard : philosophe, maître de conférences HDR à L’Enssib, ancien directeur de programme au Collège international de philosophie et responsable de l’équipe « Réseaux, Savoirs et Territoires » de l’ENS – Ulm. Ses recherches portent sur l’Histoire et anthropologie de l’écriture, les technologies de l’intellect, la philosophie de l’internet et du numérique, l’épistémologie des sciences sociales, les Humanités dites numériques ou encore la géographie de l’internet, visualisation. Il interroge entre autres les valeurs qui structurent aujourd’hui le numérique et à quel point les algorithmes nous sont consubstantiels.

Marine Antony : artiste numérique, son travail allie la sculpture, les arts du mouvement et les arts sonores. Ses œuvres immersives et sensorielles invitent à des expériences du mouvement dans l’espace, elles sont des miroirs de la perception. A la croisée des arts et des sciences, ses recherches convoquent les sciences cognitives. Elle collabore actuellement avec le département de neurocybernétique du laboratoire ETIS à Cergy-Pontoise.

Jean-Claude Englebert : cofondateur des APREM assurera la modération d’APREM#8. Il interviendra également avec une conférence intitulée « À quoi servent les algorithmes? »

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