APREM#10: Intelligence artificielle aujourd’hui et demain : quels enjeux pour les artistes ?
Le programme
Le programme :
Mardi 7 novembre
11h – Yvain Juillard – présentation de son travail artistique
13h – Déjeuner
14h – Conférence Samuel Solé – Art et IA : histoire, formes, sens
15h30 – Thomas Israël : présentation de son travail artistique
17h30 – Conférence / performance de Jacques André « Mes organes mes datas »
18h30 – Lancement des propositions artistiques d’Yvain Juillard et Thomas Israël
19h – Diner
20h – Visite de Bons Baisers de Royan, installation audiovisuelle, 2023
21h – Fin
Mercredi 8 novembre
10h – Travail avec les étudiant.es (Yvain et/ou Thomas )
13h – Déjeuner
14h – Présentation de « Bons Baisers de Royan » par l’équipe de création
et Anne-Gwenn Bosser (visio)
15h30 – Conférence de Ludovic Duhem
16h15 – Table ronde : Ludovic Duhem, Yvain Julliard, Thomas Israël…
17h00 – Travail avec les étudiant·e·s (Yvain et/ou Thomas )
19h – Diner
20h – Première présentation des étudiant·e·s
21h – Fin
Jeudi 9 novembre
10h – Travail avec les étudiant·e·s (Yvain et/ou Thomas )
13h – Déjeuner
14h – Conférence Femke Snelting: « Frontier Climate: pourquoi et comment résister à un techno-consortium
pour la transition numérique et écologique? »
15h15 – Conférence An Mertens
16h30 – Deuxième présentation des étudiant·e·s
17h00 – Table ronde : Femke Snelting, An Mertens, Valérie Cordy, Franck Bauchard, Yvain Julliard, Thomas Israël…
18h30 – Fin
Illustration freepik
Les intervenant·e·s
Les deux artistes associés
Yvain JUILLARD : Acteur et auteur formé à l’INSAS. Il travaille avec Joel Pommerat, les compagnies Mossoux-Bonté, 14:20… Également biophysicien spécialisé dans la plasticité cérébrale, il collabore à la modélisation des réseaux neuronaux impliqués dans la dynamique du bras (INSERM). En 2015, il crée Cerebrum, une conférence-spectacle évolutive – 150 représentations à ce jour. Membre du GAES 2022, il explore les liens entre création et IA. Sa recherche doctorale (ULB) questionne la reconnaissance faciale par IA. Il est conférencier à l’INSAS/cinéma. (https://www.lesfaiseursderealites.com/yvain-juillard).
Thomas ISRAEL, (1975) est un artiste multi-media à l’approche transversal. Il est actif dans l’art plastique (Galerie Charlot), la performance en body-mapping, la scénographie vidéo interactive et les NFT. Il développe actuellement un travail avec l’assistance d’outils AI (NFT sur Objekts, Fantasmagories with Les Frivolités parisiennes), et développe un une série de portraits en mapping video appelé FaceTattoo PFP Salloon.
Les intervenant.e.s dans l’ordre de leurs interventions
Samuel SOLÉ est doctorant en histoire et théorie des arts à l’École normale supérieure, au sein du laboratoire SACRe-PSL, sous la direction d’Emmanuel Mahé (EnsadLab) et Marie-Paule Cani (LIX). Ses recherches portent sur la résurgence et la reconfiguration du genre du portrait dans l’art numérique, notamment dans l’œuvre de Catherine Ikam et Louis Fléri. Son mémoire de recherche en études cinématographiques, obtenu à l’université Sorbonne Nouvelle, a donné lieu à une publication dans la revue italienne Visual Culture Studies sous le titre « The Digital Face on the Screen: Continuity and Rupture in the History of the Face in Cinema » (2022). Il a par ailleurs enseigné le français en tant que lecteur à Tulane University (La Nouvelle-Orléans, Louisiane). En parallèle de ses activités de recherche, il écrit sur l’art numérique et contemporain pour le magazine en ligne ArtsHebdoMédias.
Intelligence artificielle : deux mots qui pendent à toutes les lèvres et secouent le monde de l’art. La machine serait-elle devenue capable d’égaler l’artiste ? Loin des polémiques du moment, nous tenterons de situer l’art créé par IA, non comme une rupture dans l’histoire de l’art, mais dans la continuité d’un ensemble de pratiques et de théories qui, depuis XXe siècle, tendent à recomposer le statut de l’œuvre d’art et à redéfinir les relations artistes-machines. Depuis les premières machines à dessiner de Harold Cohen jusqu’aux algorithmes de génération d’images les plus avancés, nous envisagerons l’art créé par IA sous le prisme de la coopération plutôt que sous celui de la compétition. Comment l’IA change-t-elle la manière dont les artistes créent leurs œuvres ? Quelles nouvelles formes visuelles l’IA permet-elle d’inventer ?
Jacques ANDRÉ, né en Bretagne, formé à l’INSAS, vit entre Paris et la Belgique. Son travail de création interroge le corps au prisme des rapports art, science et société. En témoignent sa performance en cours, Mes organes mes data (aides : Féd. Wallonie-Bruxelles, Cellule arts numériques, la Balsamine, KIKK festival 2019 version exploration n°1; Centre Wallonie-Bruxelles Paris, exposition « Code is law » 2021, version exploration n°2) ; ou encore le laboratoire scénique avec Isabelle Dumont sur nos compagnes invisibles, Bacteria Mundi (2018). Par ses mises en scène, réalisations, créations vidéo scénique, ou dramaturgies, il se confronte aussi à des oeuvres habitées par les questions de normes sociales et de genre, comme celles de Kleist (La Marquise d’O), Marguerite Duras (La pluie d’été), Christophe Huysman, Antoine Pickels, Martine Wijckaert ou dernièrement du chorégraphe Thierry Smits (Toumaï, visions hantées par l’effondrement bioclimatique, dramaturgie, 2020-22; création vidéo 2023 pour son solo Vanishing Act).
Bons Baisers de Royan, installation audiovisuelle, 2023
La pièce est sonore et fait écouter des voix qui s’entremêlent, se chevauchent, se mélangent. Il faut être attentif et tendre l’oreille aux infinis récits qui se tissent. Et qu’entend-on exactement ? Des textes de cartes postales lus à haute voix. C’est beau et à la fois troublant, quelque chose interroge le spectateur et le met mal à l’aise. Serait-ce ces voix un peu trop mécaniques, ces récits parfois sans queue ni tête, cette liste ininterrompue de microrécits. Mais qui est là ? Qui parle ? Et d’où s’adresse-t-il à moi ?
Deux écrans semblent apporter des réponses qui affichent des suites de signes mélangeant instructions algorithmiques et textes entendus. Ils dévoilent la supercherie : ces morceaux de vie n’appartiennent à personne, ils ne s’adressent à aucun être humain, ils sont simplement le résultat des calculs d’une intelligence artificielle.
Cette installation est issue d’une collaboration entre artistes, ceux du collectif SLIDERS_lab, et scientifiques, l’équipe réunie autour de Anne-Gwenn Bosser au sein du Lab-STICC CNRS UMR 6285. Elle a été réalisée à l’aide d’une IA générative basée sur BLOOM pour BigScience Large Open-science Open-access Multilingual Language Model, modèle issu d’un projet soutenu par le CNRS et concurrent de ChapGPT.
Générique
Conception et direction artistique : Frédéric CURIEN, Jean-Marie DALLET.
Développement IA : Josselin Scouarnec, Université de Bretagne Ouest, Anne-Gwenn Bosser, École Nationale d’Ingénieurs de Brest, Lab-STICC CNRS UMR 6285, équipe COMMEDIA ;
Transcription textuelle : Jean-Marie Dallet, Laurenn Lecroc.
Remerciements à Cereproc Software pour le prêt des voix de synthèse.
Production : DRAC et Région Nouvelle-Aquitaine ; Agence Captures, Centre d’art contemporain de Royan.
Production technique : 6 haut-parleurs, 1 carte son, 1 Mac, 2 écrans LED, câbles.
Anne-Gwenn BOSSER (en visio pour cause de tempête en Bretagne) est Maîtresse de Conférences à l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Brest, et chercheuse au Lab-STICC, CNRS UMR 6285. Elle est responsable de l’équipe COMMEDIA, dont les chercheuses et chercheurs étudient différents aspects de l’engagement des utilisateur avec les systèmes multimédia. Dans ses travaux de recherche, elle s’intéresse au domaine de la créativité computationnelle et à ses applications pour la création d’expériences multimédia affectivement engageantes, notamment dans le domaine de la narration interactive. Elle co-anime également le groupe de travail “IA et Jeux” du Groupement de Recherche RADIA, qui s’intéresse au thème des outils d’assistance à la créativité et à la génération de contenu pour les jeux-vidéo.
Titre: Pratique des Machines à Ecrire
On présentera les travaux anciens et récents autour de la conception de programmes génératifs autour du texte poétique, narratif, ou drôle. Nous discuterons également des avancées récentes fournies en IA par les grands modèles de langage, ainsi que de leurs limites et des questions soulevés par ces technologies souvent proposées par des sociétés privées. En prenant comme exemple l’installation “Bon baisers de Royan”, on passera en revue différentes familles d’outils accessibles aux artisans désirant mettre en place un système génératif.
Ludovic DUHEM est artiste et philosophe. Il s’évertue à ne pas choisir et compte bien continuer à semer le doute. Il enseigne la philosophie de l’art et du design pour apprendre encore. Actuellement coordinateur de la recherche à l’ÉSAD Valenciennes, il intervient aussi à l’université et dans des écoles supérieures d’art, de design et d’architecture. Ses recherches s’attachent principalement aux relations entre esthétique, technique et politique au sein des enjeux écologiques. Il a récemment publié Design des territoires. L’enseignement de la biorégion (avec Richard Pereira De Moura, Eterotopia, 2020), Écologie et technologie. redéfinir le progrès après Simondon (avec Jean-Hugues Barthélémy, Matériologiques, 2022), Crash metropolis. Design écosocial et critique de la métropolisation des territoires (T&P Workunit, 2022).
Femke SNELTING développe des projets recherche-action à l’intersection de l’édition, du logiciel libre et du trans*féminisme. Dans plusieurs constellations, elle travaille sur la réimagination des pratiques informatiques et infrastructurelles pour se désinvestir de la monoculture technologique. Avec Miriyam Aouragh, Seda Gürses et Helen Pritchard, elle gère l’Institute for Technology in the Public Interest, un rassemblement trans-pratique d’activistes, d’artistes, d’ingénieurs et de théoriciens. Dans Ecologies of Dissemination (avec Eva Weinmayr), elle explore des approches intersectionnelles et décoloniales de l’Open Access. Avec Jara Rocha, elle a édité Volumetric Regimes : Material Cultures of Quantified Presence (Open Humanities Press, 2022). Femke soutient la recherche artistique à MERIAN (Maastricht) et les services numériques collectifs à Nubo (Bruxelles).
Anaïs BERCK
Le pseudonyme Anaïs Berck existe depuis septembre 2019 et représente une collaboration entre êtres humains, algorithmes et arbres. En tant que collectif, Anaïs Berck ouvre un espace dans lequel intelligence humaine est explorée en compagnie d’intelligence végétale et intelligence artificielle. Dans le travail d’Anaïs Berck, les algorithmes sortent de leurs interfaces et racontent leurs histoires sur les techniques, les personnes et les arbres. Il en résulte des expériences poétiques dadaïstes et instructives.
Le travail d’Anaïs Berck est le résultat d’années de recherche artistique sur les algorithmes, le texte et l’identité des arbres. Cette recherche s’est déroulée dans le cadre des organisations artistiques bruxelloises Constant (https://constantvzw.org/), Fo.am (https://fo.am/) et Algolit (https://algolit.net), un groupe de travail artistique sur le code F/LOSS et le texte qui se réunit mensuellement à Bruxelles. Ses créations prennent de différentes formes, allant d’installations à des conférences-performances et publications. (https://anaisberck.be)
Pour cette conférence Anaïs Berck est représenté par l’être humain An Mertens et e.a. les algorithmes Levenhstein Distance, Markov Chain, le tri arborescent.
Titre : le point de vue narratif de l’algorithme
Dans l’histoire de la littérature on connaît des perspectives différentes, allant du narrateur omniscient à celui en troisième personne et ces dernières années les récits sont souvent racontés en première personne. Dans le travail d’Anaïs Berck, le point de vue narratif des algorithmes est exploré. En effet, les algorithmes se montrent au-delà de leur interface et produisent des récits sur les techniques, les gens et les arbres. Il en résulte des expériences poétiques dadaïstes, qui sont également instructives.
Bons Baisers de Royan (installation audiovisuelle, 2023)